Nos expériences du confinement de COVID-19 en vivant dans une éco-lieu // Our experiences of the COVID-19 confinement while living in an eco-community

(UN PEU DE FRANÇAIS & A LITTLE ENGLISH)

Un article sur comment nous, individuellement et collectivement, traversons et vivons ce moment spécifique pour l'humanité. Réflexions, sentiments et témoignages de notre collectif. // Thoughts, feelings, and testimonials from our collective about how we, individually and collectivley, are digesting and living this specific moment for mankind.

Photo by Ed Carr

Photo by Ed Carr


Relief for nature that gets a break from pollution and noise; few cars, fewer planes, closed factories bring cleaner air and water.

Guilt and gratitude; by living in community we don't experience the isolation or loneliness that so many are living through.

Hope that this crisis is a fastrack to smarter living that is more respectful of people and nature

Fear that our leaders will take the beaten path and entrench us further into destruction of people and nature.

Learning to live in the present moment because the future has never felt so uncertain...

-Kim


Le soleil emerge de la brume matinale. Je me délecte de cette heure de solitude avant que tout le monde se lève à la maison.

Le soleil s’est déjà hissé haut dans le ciel alors qu’il n’est que 7:28 du matin.

Les oiseaux piaillent le printemps, la glycine devant moi sort fièrement ses premiers bourgeons. La prairie nous offre sa couleur préférée en cette saison, un vert brillant foncé et gras qui enchantera nos brebis et notre âne.

Un oiseau étourdi passe devant la fenêtre, il semble chercher quelque chose. Je le suis de mon regard, puis laisse mes pensées se perdre au loin, là où les collines occupent la scène. Elles ont volé la vedette aujourd’hui car la brume cache le décor spectaculaire des Alpes que l’on voit d’habitude par temps clair.

Le paysage est posé, calme alors que le monde entier marque une pause. La nature encore plus présente que jamais à Lavenant semble chanter sa victoire.

Le monde est à l’arrêt, en confinement, alors que les oiseaux eux, gardent leur liberté celeste. C’est un beau printemps, malgré l’incertitude du futur pour nous tous en Europe. En ces moments de calme et de solitude, la nature me rassure et me chuchote que le meilleur est à venir. Cette même nature que j’écoutais avec mon coeur d’enfant, quand, à mon plus jeune âge, je parlais encore son language.

-Anonymous


Le silence règne autour de nous. Seul le chant des oiseau et le bruit du vent viennent rompre ce calme et cette paix.

Depuis notre confinement privilégié, il me semble si difficile d'imaginer ce qu'il se passe dans le reste du monde. Nous vivions une sorte de schizophrénie, partagés entre le chagrin pour les personnes qui souffrent, qui sont malades, qui doivent aller travailler au risque de leur santé et de celle de leur proches, et le plaisir de se retrouver au milieu de la nature, travailler la terre sous le soleil, partager les repas avec les personnes qu'on aime et vivre un temps plus lent et plus humain.

Nous visions en suspens, entre "aujourd'hui" et "demain". Ce demain qui fait peur pour les choix économiques et politiques qui seront pris. Ce demain qui fait rêver, dans l'espoir d'un monde plus solidaire et écologique.

-Margherita


Au début du confinement (même si c'est encore le début), c'était surtout l'incertitude, le doute, et peut-être aussi un peu la peur. Même si tous ces sentiments ne se sont pas encore complètement dissipés, ils ont fait place à quelque chose de plus constructif, plus serein et plus joyeux.
Après plus de 5 semaines de confinement, un nouveau quotidien s'est presque déjà installé, comme une nouvelle normalité. C'est intéressant de constater à quel point nous pouvons être résilient et nous accommoder d'une situation aussi particulière que celle que nous vivons pour le moment.
Depuis le 17 mars donc, nous avons accompli tellement de choses... ensemble. C'est comme une re-découverte du temps et de nos capacités à être créatif et à trouver des solutions. On jardine, évidemment, mais pas seulement... On construit aussi, que dis-je, on érige de magnifiques structures en bois, on pratique la cueillette sauvage, on fait de la musique, on fait du sport, on joue à des jeux de société, on cuisine, on discute, on lit, on s'informe, on partage, on rigole, on rassure et on assure, on aide comme on peut en fabriquant des masques, on nettoie, on se cultive et on cultive, on danse et on s'imagine à rêver à un monde meilleur, ensemble... C'est bien simple, on a l'impression que les journées passent même plus rapidement qu'avant. Et c'est pour toutes ces raisons que vivre en collectif prend alors tout son sens. L'avenir, on l'imagine un peu comme ça, on s'entraide, on coopère, on s'écoute, on cohabite, toujours dans la bienveillance et dans le respect.

Bien sûr, on pense aussi à notre famille, à nos ami.e.s, à nos proches et on espère de tout coeur qu'ils vont bien et qu'ils tiendront le coup, surtout s'ils habitent en ville, dans des appartements. On pense aussi à toutes ces personnes qui vivent un confinement beaucoup plus difficile que le notre, à ces médecins, ces malades, à toutes celles et tous ceux qui n'ont pas notre chance.

Qu'arrivera-t-il lors de la levée du confinement? Je n'en sais rien. Personne ne le sait. Mais j'espère que cette solidarité émergente et cette prise de conscience sur la fragilité de nos systèmes aboutiront sur quelque chose de positif pour tous.

- Joël Chashanovski